De plus en plus, le contenu de formation utilisé en entreprise est généré autrement que par le Service de formation. Les sources les plus utilisées sont :
- les moteurs de recherche;
- les sources publiques telles que YouTube, TED Talks et autres;
- le contenu créé par les autres collègues;
- le contenu rassemblé et édité par des internautes ou d’autres collègues (« curated content »);
- le contenu payant prêt à l’emploi, pouvant être obtenu de différents fournisseurs.
Il s’agit d’une tendance de fond dont l’importance ira fort probablement en s’accélérant. En effet, la quantité et la qualité de l’information accessible aux employés ne peuvent aller qu’en augmentant, compte tenu de la progression des technologies de partage de l’information, ainsi que de la disponibilité d’outils de publication toujours plus performants et accessibles. Il est alors pertinent pour les responsables de la formation de s’interroger sur les impacts d’une telle évolution et de développer des stratégies adaptées à cette nouvelle réalité.
Les impacts
Si on regarde les choses sous l’angle négatif, on peut appréhender une perte de contrôle pour le Service de formation, un risque accru de confusion, une baisse de qualité, des incohérences potentielles et le risque que l’accent soit mis davantage sur l’information brute que sur les activités d’apprentissage et la validation des connaissances et des compétences. Ces impacts, bien que probables, peuvent être mitigés de plusieurs façons et il serait probablement improductif d’adopter une posture défensive, axée sur la coercition et une volonté de contrôle accru, d’autant plus que plusieurs avantages peuvent découler de la situation. Par ailleurs, la tendance est forte et sera selon toute vraisemblance durable, alors vaut mieux tenter d’en tirer parti.
Selon un point de vue plus positif, on peut anticiper plusieurs impacts avantageux tels qu’une prise en charge accrue par les employés eux-mêmes, l’accès à davantage de ressources, une agilité accrue et l’opportunité pour le Service de formation de jouer un rôle plus stratégique plutôt que strictement opérationnel.
Les stratégies
1- Adopter une approche axée sur la performance.
Dans un premier temps, le Service de formation peut se positionner comme étant un partenaire de choix pour ce qui est d’aligner les différentes initiatives contenu et formation sur les objectifs d’affaires de l’entreprise. Pour ce faire, il sera utile de mettre en place des initiatives axées sur la mesure des résultats et la coordination des partenaires internes et externes. Quand la situation s’y prête, le déploiement d’activités de certification et l’offre d’un encadrement de qualité pour les employés peuvent venir compléter les initiatives plus spontanées venant des employés.
2- Faciliter le référencement, l’organisation et le partage du contenu.
Cette stratégie consiste à rendre disponibles des plateformes et des services pour faciliter le partage des contenus et surtout leur organisation de manière à maximiser leur utilité. Par exemple, en déployant une plateforme de type « base de connaissances » (ex. : wiki et ses dérivés) qui permet d’agréger, d’indexer et de rechercher des contenus, on offre un service utile aux employés et on se positionne pour offrir des services à valeur ajoutée tels que l’indexation et certaines activités éditoriales. On peut également faire des liens utiles (ex. : développer des rapports) entre les contenus, les activités de certification et les indicateurs de performance à suivre.
3- Développer un partenariat gagnant avec les employés et les unités d’affaires.
Voici un domaine où les habiletés de gestion des membres du Service de formation peuvent être mises à l’épreuve et valorisées, car il s’agit ici de faire plus que de déployer des services, mais bien de développer des relations, une écoute et une capacité à intervenir de manière agile en lien avec les enjeux d’affaires des unités.
En conclusion, une tendance de fond dont il est possible de tirer parti!
Il s’agit certes d’un changement de paradigme pour bien des acteurs en formation et il peut être déstabilisant de « partager la scène » avec de nouveaux acteurs. Toutefois, les gains pouvant être obtenus, en termes d’agilité, d’une prestation de services élargie et d’une meilleure mobilisation des partenaires compensent largement les désavantages, en autant qu’on ait développé les bonnes stratégies pour y faire face.